Qui sont les Chinois de Lyon ? Peut-on parler de communauté chinoise à Lyon ? Y a-t-il un quartier chinois à Lyon ? Qu’est-ce qui lie Lyon et les Chinois ?
Petit tour d’horizon dans lequel nous essayerons de ne pas faire trop de généralités, parler de « communauté chinoise », de « Chinois de Lyon » peut laisser entendre une certaine uniformisation pourtant bien loin de la réalité singulière de chacun…
Les prémices : l’université franco-chinoise de Lyon
En 1921 est créé la première université chinoise hors de Chine et c’est à Lyon qu’elle s’installe. C’est au fort Saint Irénée sur les hauteurs de Lyon près de Fourvière que l’université accueille ses premiers étudiants formés d’une élite issue des meilleurs établissements chinois pour y étudier les sciences, les beaux-arts, la médecine, les lettres, le commerce…
En tout l’université compte 473 inscrits de 1921 à 1946. L’idée est de fonctionner comme une école préparatoire donnant les bases linguistiques et culturelles aux étudiants afin de les préparer au mieux pour leurs études à l’université.
Un peu plus tôt, la première chaire universitaire de chinois en France ouvre à Lyon en 1913.
Le chinatown de Lyon
Les bouleversements historiques de la Chine du 20ème siècle ont été à l’origine de nombreux flux migratoires de la Chine vers l’Asie puis vers le monde entier. A Lyon dans les années 70 des cambodgiens, laotiens, vietnamiens viennent s’installent et c’est en 1977 que la première épicerie asiatique ouvre dans le quartier de la Guillotière dans le 7ème arrondissement.
Aujourd’hui parler d’un Chinatown à Lyon est un peu exagéré, mais dans un carré situé entre la rue de Marseille et la place Raspail on trouve les restaurants chinois, les supermarchés chinois et les boutiques de vêtements et objets asiatiques. Dans ces rues-là l’odeur qui émane des restaurants rappelle l’Asie, c’est une culture chinoise beaucoup plus mixte que l’on peut rencontrer. On entend parler vietnamien, chinois, français…. Dans les supermarchés on peut trouver des produits alimentaires typiquement chinois (des sauces, des légumes, des épices) mais aussi des pinceaux de calligraphie, des journaux, des auto-cuiseurs…
Pour autant la communauté chinoise n’est pas réellement installée dans le quartier de la Guillotière auquel elle préfère souvent les communes de l’est lyonnais : Vénissieux, Bron…
Le chinatown de Lyon devrait bientôt être délimité par un arche symbolisant les relations franco-chinoises à Lyon… Cet arche permettra aussi aux lyonnais d’identifier le chinatown qui reste encore relativement peu connu malgré l’organisation chaque année du défilé du nouvel an chinois avec la fameuse danse des lions.
Les étudiants chinois de Lyon
Depuis les années 2000, les étudiants chinois sont de plus en nombreux à quitter la Chine pour compléter un cursus universitaire à l’étranger. Certains d’entre eux, entre 3000 et 5000 selon les sources, choisissent les universités lyonnaises : Lyon,1, Lyon 2, Lyon 3 et l’Université Catholique de Lyon. Un des cursus les plus plébiscités est le LEA Langue Etrangère Appliquée Anglais-chinois, au-delà duquel le projet professionnel de ces étudiants n’est pas toujours bien défini, l’idée première étant d’obtenir un Master en France pour trouver un travail correctement payé en Chine à leur retour.
Les étudiants chinois ont la réputation de beaucoup rester entre eux. Pour la plupart d’entre eux ils sont jeunes et c’est la première fois de leur vie qu’ils quittent la Chine et qu’ils voyagent si loin. Parfois ils ne rentrent en Chine qu’à la fin de leurs études et ne voient pas leur famille pendant plusieurs années. Il faut dire aussi que remis dans le contexte de l’éducation en Chine, ces étudiants sont souvent peu autonomes, ils ont grandi dans le giron des parents avec une très forte pression pour réussir leurs études. Enfant unique, les adultes de leur famille s’occupent de tout pour eux, puis entrés à l’université en Chine, ils vivent sur les campus, mangent à l’extérieur ou dans les cantines. Pas de job pour payer leurs études, généralement la famille s’endette pour financer. Alors arrivés en France le contraste et fort et ils ont besoin de temps pour améliorer leur niveau de français et s’adapter au style de vie français. Alors que les étudiants lyonnais aiment sortir, faire la fête, aller dans les bars, les étudiants chinois préfèrent dîner chez leurs amis chinois, faire du sport et faire des excursions.
Il semble que Lyon soit un choix de plus en plus apprécié par les étudiants chinois, le cadre de vie est agréable et le niveau de vie est moins élevé que Paris. Et bien sûr le sentiment d’insécurité y est moins fort qu’à Paris.
Et le buisness alors ?
La ville de Lyon est jumelée avec la ville de Canton, quant à la région Rhône-Alpes elle est jumelée avec la municipalité de Shanghai depuis 1986.
Le consulat de Chine a été inauguré à Lyon en 2007 notamment pour faire face à la demande de visas pour la Chine et pour accompagner les entreprises chinoises s’implantant dans le bassin rhônalpin.
La Bank of China a ouvert ses portes en plein cœur de Lyon en 2012, dans les anciens bureaux de….Pôle Emploi !
La Chine constitue 8% des investissements directs étrangers en Rhône-Alpes. 11 entreprises chinoises se sont installées parmi lesquelles Haier, bluestar silicone, Huawei… Les coopérations dans les domaines de la chimie et du biomédical sont les plus fortes, en raison du dynamisme du bassin Rhône-alpin dans ces domaines.
Les expatriés chinois restent peu visibles, en immersion dans le milieu de leur entreprise, ils sont pris en charge par leur entreprise pour leur installation.
Et les touristes ?
Qui n’a pas entendu parler de la vague déferlante de touristes chinois sur le monde ? Les visas sont bel et bien plus facile à obtenir pour les Chinois (pas trop tôt), le pouvoir d’achat a augmenté en Chine, les Chinois sont de plus en plus nombreux à vouloir découvrir le monde et la France reste une destination cotée malgré une réputation ternie par les problèmes d’insécurité et le manque de services adaptés à la clientèle chinoise dans les infrastructures touristiques (on relèvera prioritairement les difficultés liées aux transports et à la barrière de la langue, l’anglais n’étant le fort ni des Français ni des Chinois). Impossible d’obtenir les chiffres sur le nombre de touristes chinois visitant Lyon. Ce que l’on peut remarquer c’est que s’il est fréquent de croiser des groupes de touristes dans le vieux Lyon ou dans les grands magasins type Printemps ou Galeries, il est plus rare de croiser des touristes chinois dans les commerces de proximité et dans les coins les plus lyonnais de la ville.
Lyon a encore du pain sur la planche afin de se rendre attractive pour les jeunes touristes désireux de découvrir un visage frais et moderne de la France avec simplicité et commodité.
Néanmoins l’anniversaire des 50 ans des relations franco-chinoises et la visite du Président Xi Jinping à Lyon a permis de mettre un coup de projecteur sur la ville de Lyon et sur les relations entre Lyon et la Chine. En espérant que les Lyonnais se réveillent un peu et s’ouvrent davantage au monde chinois pour valoriser leur belle ville qui ne manque pas d’atouts pour des touristes chinois.